Niché au cœur du Monténégro, dans la vallée de la rivière Morača, le monastère de Morača est un véritable monument de l’histoire médiévale et de la spiritualité orthodoxe. Erigé en 1252 par Stefan Vukanović de la dynastie serbe des Nemanjić, ce lieu de paix et de recueillement offre aux visiteurs une plongée fascinante dans le passé culturel et religieux de la région. Le monastère incarne non seulement l’architecture, mais aussi des siècles de lutte, de dévotion et de résistance, en particulier contre l’Empire Ottoman.
L’environnement du monastère de Morača
Pour se rendre au monastère de Morača lors d’un voyage au Monténégro, plusieurs possibilités sont disponibles, en voiture, en transports en commun ou en groupes de visites organisées. Il est situé près de la route E80, à environ 28 kilomètres de Kolašin, une localité qui, en hiver, se transforme en station de ski attrayante. La route elle-même longe le canyon de la Morača, offrant des paysages et des points de vue mémorables où il serait difficile de ne pas s’arrêter pour prendre quelques photos.
L’environnement immédiat du monastère est tout aussi impressionnant. Installé sur une pelouse verte surplombant le canyon, l’endroit est souvent fréquenté par des troupeaux de moutons paissant paisiblement. Cette tranquillité contraste avec les tumultes historiques qu’a connus ce lieu sacré.
Une histoire tourmentée et résiliente
Le monastère de Morača n’a pas été épargné par les aléas de l’histoire. Fondé par Stefan Vukanović, le lieu de culte a connu une période sombre à partir de 1505 lorsqu’il fut incendié par les Ottomans. Le monastère resta en ruines pendant près de 70 ans jusqu’à ce que les travaux de reconstruction commencent en 1574, sous la conduite des moines Tomo et Mojsije et grâce au soutien financier de la population locale. À cette époque, Morača devint un bastion de la résistance orthodoxe contre l’oppression ottomane, servant de refuge et de lieu de réunion clandestine pour les partisans.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le monastère joua également un rôle crucial. En juillet 1944, il accueillit la troisième session de l’assemblée du pays, où les communistes monténégrins exigèrent l’incorporation de la baie de Kotor au Monténégro.
Architecture et art sacré
Le monastère de Morača est un exemple sublime de l’architecture de l’école de Raška, avec des éléments des styles roman et byzantin. Le principal sanctuaire, ou katholikon, est une grande église à nef unique dédiée à l’Assomption de la Vierge Marie. En 1635, la petite église de Saint-Nicolas fut restaurée après avoir été sérieusement endommagée et décorée de fresques par le célèbre maître Kozma.
Le complexe est entouré de murs en pierre avec deux portes opposées. Outre les bâtiments principaux, le monastère abrite plusieurs cellules monastiques, une étable et un moulin à eau. Dans le jardin bien entretenu, les visiteurs peuvent flâner, admirer les fleurs et les arbustes, et se reposer sur des bancs en contemplant les anciens édifices.

Les fresques et les icônes du monastère sont d’une richesse inestimable. La plus ancienne série de fresques, datant du XIIIe siècle, représente des scènes de la vie du prophète Élie. Les fresques et icônes plus tardives, attribuées en partie à la célèbre école de Kotor, incluent des représentations du Jugement dernier et des scènes de la vie de Saint-Jean-Baptiste, réalisées au XVIe siècle.
Importance socioculturelle
Durant des siècles, le monastère de Morača a servi de centre culturel, spirituel et éducatif pour la région. Il était également un point focal de la résistance orthodoxe et a souvent été le théâtre de sessions judiciaires médiévales. En 1648, Gavrilo Rajić devint patriarche serbe à Morača, illustrant ainsi l’importance continue de ce lieu à travers les âges.
C’est au XIXe siècle que le monastère retrouve une certaine sérénité après la défaite de l’Empire ottoman en 1878. Toutefois, il dut faire face à un dernier assaut en 1877, durant les guerres balkaniques. Le défenseur héroïque, l’archimandrite Pan Mitrophan, fut plus tard élevé au rang de métropolite et reçu une médaille pour sa bravoure.
Le monastère aujourd’hui
De nos jours, le monastère de Morača est ouvert aux visiteurs toute l’année, de 8 heures à 17 heures. En été, un petit café à proximité offre une pause rafraîchissante sous l’ombre bienvenue, tandis qu’en hiver, la rivière Morača gonfle et les visiteurs peuvent apercevoir une cascade souvent cachée par la végétation estivale.
L’autosuffisance du monastère est remarquable. Les moines cultivent leur propre jardin, élèvent des moutons et des volailles, et maintiennent un rucher pour produire du miel. Cette approche autonome reflète non seulement la simplicité monastique, mais aussi une certaine résilience face aux défis modernes.
Comment se rendre au monastère ?
Pour ceux qui choisissent de conduire, une route asphaltée en bon état mène directement au monastère, et un parking est disponible sur place. Pour ceux préférant les transports publics, des bus interurbains desservent la zone, avec des billets disponibles dans les gares locales.
Pour une expérience complète, rejoindre un groupe de visite guidée peut être enrichissant. Les guides fournissent des contextes historiques et culturels détaillés, ajoutant une profondeur à la visite qui pourrait autrement manquer.
Le monastère de Morača, au même titre que le monastère de Piva, est plus qu’un simple édifice religieux : c’est un témoignage vivant de l’histoire, de la résistance et de la culture du Monténégro. Avec ses fresques anciennes, son architecture emblématique, et son rôle historique crucial, il mérite indubitablement une place d’honneur dans tout itinéraire de voyage à travers le Monténégro. Le site continue d’émerveiller et d’inspirer, offrant une oasis de paix et de réflexion dans un monde souvent tumultueux. Le découvrir, c’est embrasser une part essentielle de l’âme monténégrine.
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